Crédit photo : Badmania / FFBaD

Dans un mois, Qi Xuefei représentera la France en simple dames aux Jeux Olympiques. Pour sa première participation, la joueuse de Rostrenen revient sur sa préparation contrariée par une récente opération, nous fait part de ses objectifs et partage son ressenti sur l'entraînement en France.

"Pendant les Jeux Olympiques, tout est possible"

Bonjour Xuefei, comment vas-tu depuis ton opération du genou ?

Je me suis fait opérer il y a 6 semaines. J'ai repris doucement l'entraînement sur le terrain, je ressens encore des douleurs mais il y a du positif. Grâce à la rééducation et le travail que je fais avec le kiné je me sens de mieux en mieux. Je dois continuer comme ça si je veux retrouver mon meilleur niveau.

Comment se passe ta préparation Olympique ?

C'est une préparation forcément particulière, je ne peux pas assurer que je serais à 100 % pour les JO mais je fais le maximum pour être la plus prête possible. En ce moment, je fais 1h de badminton le matin et de la rééducation l'après-midi avec le kiné. Le plus important c'est de reprendre progressivement et d'écouter mes sensations. Sur mes dernières séances d'entraînements, je me suis entraînée sur grand terrain sans trop d'intensité mais si je me sens capable de mettre du rythme alors je le ferai. Je vais toujours essayer de faire mieux que la veille.

Tu vas participer à tes premiers Jeux Olympiques, que représente cette compétition pour toi ?

C'est une compétition très importante à mes yeux, je pense que c'est le cas pour tous les sportifs mais je ne ressens pas tellement de pression. Je pense que c'est en partie dû au fait que je sois blessée, je me concentre uniquement sur ma rééducation. Quand je suis arrivée en France en 2014, j'étais juste venue pour retrouver un peu de compétition et disputer des matchs d'interclubs avec Rostrenen, je ne m'étais pas fixée l'objectif de participer aux Jeux Olympiques. Je m'entraînais quand je pouvais, ce n'était pas ma priorité. Ce n'est qu'en 2017 que j'ai décidé de me replonger dans le haut niveau avant d'intégrer l'INSEP en 2018. Aujourd'hui je suis très heureuse et impatiente d'aller à Tokyo.

As-tu un objectif pour ces Jeux ?

Je me suis donnée l'objectif de sortir de poule, cela va être difficile et je pense que cela va beaucoup dépendre de la poule dans laquelle je vais être. Il y a une grosse densité de très bonnes joueuses, c'est probable que je tombe face à une tête de série comme Chen Yu Fei ou Nozomi Okuhara mais pendant les Jeux Olympiques tout est possible, je vais faire mon maximum pour aller le plus loin possible.

"En France, on s'entraîne plus intelligemment"

Tu es arrivée de Chine en 2014, quelles sont les principales différences entre l'entraînement chinois et français ?

Il y a beaucoup de différences. Déjà dans la cadence et le rythme d'entraînement, c'est beaucoup plus intense en Chine, même trop intense, il y a énormément de joueurs qui se blessent mais ce n'est pas un problème pour les entraîneurs tellement il y a de joueurs talentueux. Je trouve qu'en France, on s'entraîne plus intelligemment. Il y a aussi des séances très longues et dures physiquement, c'est normal pour le haut niveau. Mais les entraîneurs individualisent les séances selon les joueurs. Pour moi cela a été quelque chose de nouveau, en Chine l'entraînement est le même pour tout le monde ce qui ne te permet pas vraiment de progresser à moins de faire partie des meilleurs.

Tu es la seule joueuse de simple dames à l'INSEP, est-ce un problème pour toi ?

A l'INSEP je m'entraîne avec les garçons, ce n'est pas un problème pour travailler la technique, ce qui est dérangeant c'est que je ne retrouve pas les conditions du simple dames dans les situations de matchs. Le jeu des garçons est beaucoup plus rapide qu'en simple dames où je suis habituée à de longs échanges. Ils peuvent finir le point dès les 3-4 premiers coups ce qui est parfois assez frustrant.

Quel regard portes-tu sur le tableau de simple dames français ?

Je pense que le niveau global est de plus en plus relevé. On peut le voir avec Léonice qui a récemment atteint une demi-finale au Spain Master (Super 300) et Marie qui réalise aussi une bonne saison. Ce sont deux joueuses qui ont du potentiel et qui progressent.

Quels sont tes projets post Tokyo 2021 ?

J'aimerais vraiment pouvoir disputer les Jeux Olympiques de Paris 2024 mais tout dépendra de mon genou. Jouer au badminton est ma passion, j'espère pouvoir le faire le plus longtemps possible. Ce qui est sûr, c'est qu'après ma carrière de joueuse je souhaite devenir entraîneur, obtenir mon diplôme sera mon principal projet après ma retraite. J'espère pouvoir entraîner à l'INSEP et prendre en charge le simple dames.

Merci Xuefei pour ta disponibilité, bon courage pour les Jeux Olympiques et à bientôt.

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