L'Europe contre le reste du monde ...
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L'Europe contre le reste du monde ...

Démarré par keating, 29 Octobre 2019, 16:48

keating Le 29 Octobre 2019, 16:48 Dernière édition: 29 Octobre 2019, 16:50 par keating
Intéressante interview de Kenneth  Jonassen aujourd'hui sur lequipe.fr

             
Kenneth Jonassen, entraîneur du Danemark : « On a besoin de la France »        
Kenneth Jonassen, lorsqu'il était joueur, en 2008. (P. Montigny/L'Équipe)   
  L'entraîneur national danois, Kenneth Jonassen, appelle à une synergie avec la France pour résister aux géants asiatiques.    Pascal Coville   mis à jour le 27 octobre 2019 à 14h53  partager                     
    Trois heures avant de coacher la demi-finale de son protégé Viktor Axelsen, qui s'est incliné samedi face à l'Indonésien Jonathan Christie, Kenneth Jonassen est arrivé pile à l'heure au rendez-vous. La politesse est le privilège des rois. Et Jonassen est un des rois du badminton. C'est lui qui a supervisé l'accession d'Axelsen au titre mondial il y a deux ans et à l'émergence cette année d'Anders Antonsen, vice-champion du monde. Le Danemark a remporté la « Thomas Cup », la Coupe Davis du badminton, en 2016, l'année de son arrivée au poste de patron de l'élite danoise. En plus de son travail de coordination de toute l'élite, il coache les matches du simple hommes et du double dames. Un homme très occupé et très motivé. Et inquiet aussi devant la puissance économique écrasante des pays asiatiques qui, d'après lui, menacent la position traditionnellement remarquable de son petit pays sur l'échiquier mondial du « bad ». Il espère que la France, à qui il prête un système efficace, pourra l'aider à préserver le développement des jeunes joueurs européens menacés par l'invasion des champions asiatiques. On lui a demandé d'ouvrir son célèbre cahier noir sans lequel il n'arrive jamais à un match de ses ouailles.                           
« Combien y a-t-il de licenciés au Danemark ?Quatre-vingt-dix mille.             
  C'est cent mille de moins qu'en France. Comment faites-vous pour produire des champions du monde avec ça ?Grâce au réseau des clubs très dense et très efficace. Il y a toujours près de chez soi un club où trouver des adversaires à sa force et où on pourra progresser. Ce sport est très ancré culturellement dans nos habitudes. Il est impossible au Danemark de ne pas avoir eu à un moment donné une raquette de badminton dans les mains. Ceci dit, malgré ce système efficace, ça devient de plus en plus dur de sortir des champions. Quand on en sort un, il faut surtout être humble et ne pas penser que c'est arrivé. Car on sait que les meilleures équipes asiatiques auront trouvé la parade dans les six mois qui viennent.                   « Quand j'ai joué contre Brice Leverdez en 2008, jamais je n'aurais imaginé qu'il puisse faire une telle carrière »
Votre compatriote Peter Gade (ancien n°1 mondial) a eu pendant quatre ans les mêmes fonctions que vous au sein de la fédération française (de 2015 à 2018). Vous a-t-il parlé de cette expérience ?
Non, mais ce que je sais, c'est que ça devait être une tâche écrasante dans la mesure où il ne la faisait pas à plein temps. Je ne peux juger véritablement du profit qu'en a retiré la fédération française. Je constate seulement que l'équipe masculine a fait sa première finale européenne en 2015 sous sa coupe. Moi aussi, j'ai travaillé pour une fédération étrangère, la fédération anglaise, de 2010 à 2013, et j'ai pu constater qu'il y a des décalages de mentalité entre pays.                     
Brice Leverdez, le n°1 français s'est entraîné quelque temps au Danemark. Comment expliquer qu'il soit capable de battre un n°8 mondial la semaine dernière et de passer à côté de son match à Paris contre un n°16 de 36 ans ?Je n'ai rien à dire sur cette irrégularité. Je sais en revanche que Brice est un adversaire que nous, les Danois, on prend toujours très au sérieux. Car s'il est dans un bon jour, attention ! J'ai joué une fois contre lui, à Paris justement. C'était en 2008 et j'ai gagné (21-14, 21-14). Et franchement à cette époque-là, jamais je n'aurais imaginé qu'il puisse faire une telle carrière (vice-champion d'Europe et top 19 mondial). Voilà un bon exemple de ce qu'on peut faire si on y croit.                   « Personne n'a encore trouvé la formule pour battre Kento Momota. Momota, c'est Nadal sur terre battue »
           Il y a un net décalage chez vous entre l'équipe masculine très compétitive et la féminine bien moins performante. C'est un problème culturel ?
Oui et non. En fait, on a eu dernièrement un trou de génération. Et c'est d'autant plus difficile à récupérer chez les femmes. Encore plus que chez les hommes, certaines nations asiatiques vous envoient des hordes de joueuses très fortes. Prenez le Japon, capable d'aligner cinq doubles très forts. Mais on est plutôt optimiste sur la génération féminine qui arrive.                 <blockquote>MAIS QUEL POINT DE [at]ViktorAxelsen !#YonexIFB

  L'an prochain aux Jeux Olympiques de Tokyo, Kento Momota, chez lui, sera le net favori pour le titre du simple. Vous êtes d'accord ?De loin le grand favori. Momota, c'est Nadal sur terre battue. Pour espérer le surprendre, il faut être capable de supporter un défi physique et mental terrible. En fait, il faut d'abord tenir plus d'une heure et après si vous êtes encore en vie, vous pouvez alors espérer profiter d'un moment de relâchement. En fait personne n'a encore trouvé la formule.

Vous devez certainement observer tous les nouveaux venus des différents pays. En France, on place beaucoup d'espoirs sur les frères Popov (Toma Junior, l'aîné, ancien champion d'Europe junior et Christo le cadet, récent vice-champion du monde junior). Qu'en pensez-vous ?
Ce sont deux espoirs intéressants en effet. Mais le plus dur, c'est la transition entre juniors et seniors. En fait, il y a plein de transitions à gérer dans une carrière, toutes aussi compliquées les unes que les autres. Quand vous êtes top 32, c'est compliqué d'arriver dans le top 16 et de là dans le top 8, et de là dans le top 4 et enfin devenir n°1. Alors les frères Popov, il faut qu'ils comprennent qu'ils doivent oublier leur talent et baisser la tête. Et surtout ne pas s'égarer sur les objectifs immédiats. Mais je souhaite ardemment leur réussite. Car on a besoin de la France pour relever le défi asiatique.                   « Il faut que les Français nous aident à ramener le calendrier des tournois plus en Europe. Les Asiatiques ont les moyens d'inonder le calendrier des tournois de deuxième niveau et d'empêcher le développement de nos joueurs »
         
Comment ?Manifestement, le badminton est un sport bien structuré en France et je vois beaucoup de potentiel dans l'élite française...             
Et les Anglais ?À part le double mixte, je ne vois rien de vraiment performant chez eux. Les Français se sont installés dans le top des juniors depuis longtemps. Le potentiel est là. Et il y a le versent économique qui est très important. Il faut que les Français nous aident à ramener le calendrier des tournois plus en Europe. C'est fondamental. Les Asiatiques ont les moyens d'inonder le calendrier des tournois de deuxième niveau avec leurs équipes B et du coup d'empêcher le développement de nos joueurs. Si on veut que le badminton reste un sport universel, il faut faire attention.
Mais le président de la fédération mondiale Poul-Erik Hoyer Larsen n'est-il pas danois ?
Sans doute, mais il est peut-être moins en immersion dans le problème que nous.               Donc pour vous le fossé se creuse entre l'Asie et le reste de la planète ?Absolument. Il faut en quelque sorte protéger les pays non asiatiques. Sinon dans quatre/cinq ans nous pourrions bien avoir perdu la bataille pour de bon. »             
Raquette orange et noir, parce que j'aimais bien sa couleur ...

Intéressant comme interview et analyse.


Ça serait également instructif de savoir comment vivent les joueurs au Danemark. Ont-ils les moyens d'être rémunérés ? Parce qu'en France, si j'ai bien compris, seul Brice Leverdez arrive à en vivre...

Mais il vend également des chemises, ce qui doit également contribuer à "arrondir" ses fins de mois
www.leverdez.com

Au Danemark, les meilleurs joueurs ont un niveau de vie plutôt "correct" via les prize money gagnés sur les tournois mais aussi par du sponsoring. La plupart ont plusieurs sponsors "standard" en plus du sponsor matériel (Yonex, Victor, Li-Ning, ... ).

Par exemple, un Viktor Axelsen ou un Anders Antonsen prend déjà une belle rémunération par Yonex et Victor alors qu'un Victor Svendsen (par exemple) n'a pas une grosse rémunération de son sponsor matériel. Il doit donc compter sur d'autres sponsors pour vivre convenablement.

Pour ce qui est de Brice Leverdez et de ses chemises, il me semble qu'il laisse ses associés gérer la structure car il souhaite se consacrer à 100% sur Tokyo 2020.
A votre service :)

450 balles la chemise ?  :choque:  ça marche bien son affaire au moins ?  :hihihi:

La réflexion sur la localisation des tournois est intéressante.

il est gentil avec nous ce danois, mais j'ai l'impression que les ambitions Françaises s'arrentent chez les juniors, y avait qu'à écouter léa palermo quand elle parlait d'espérer passer un ou deux tours sur des supers 500 sur l'équipe 21... Brice leverdez est certes très irrégulier, mais il a l'air de penser totalement différemment, est ce pour ça qu'il est fâché avec la structure nationale et s'entraine à part ? n'y aurait il pas des choses à changer dans la mentalité à la FFBAD ?

Difficile de dire où s'arrête le politiquement correct dans ce genre d'interview, c'est sûr.
La transition des catégories Jeunes vers Senior, c'est sans doute un des gros problèmes du sport français (tennis pour rester dans les sports de raquette). On a des joueurs excellents chez les jeunes qui ne deviennent que de "bons" joueurs ensuite. Il y a certainement énormément de raisons différentes et propres à chaque cas mais pas sûr que le fait de toujours annoncer qu'on tient le futur champion aide le joueur en question à aller au maximum de ce qu'il peut faire. Il y a quelques temps, c'était Toma Popov le futur du bad français, un joueur qui allait atteindre des sommets jamais atteints par nos joueurs et maintenant c'est la même chose avec Christo. La carrière de Toma n'en est qu'au début mais on peut remarquer qu'il est quand même en retard maintenant sur les temps de passage des Danois de sa génération ou proche.
Concernant Léa, ça ne me choque pas d'annoncer des objectifs réalistes. Dans l'état actuel des choses, les filles ne sont pas capables de viser autre chose que de passer un tour ou deux sur des Super 500. Ca veut déjà dire réussir au minimum une super perf (battre du top 10) et c'est compliqué de les voir faire ça sur 2 matchs de suite si on ne mise pas sur un tableau avec des forfaits et autres situations particulière.

juBu Le 30 Octobre 2019, 19:03 #8 Dernière édition: 30 Octobre 2019, 19:09 par juBu
Pour avoir eu le temps de discuter plusieurs heures avec le premier entraîneur d'Axelsen (durant l'été 2017), il nous disait que Toma Jr ne l'inquiétait pas trop par rapport aux jeunes Danois qu'il entraînait mais Christo, lui, allait être très fort selon lui et allait causer plus de soucis a ces joueurs.
Au niveau des différences entre le système français et danois, un des points importants est le fait que les danois restent dans des structures club jusqu’à 18-19 ans avec des rassemblements mensuels dans 3-4 régions du Danemark. Ils n'integrent le centre national de Brøndby (equivalent de l'INSEP) qu'a l'age adulte. L'idée étant de ne briser le cocon familial qu'au dernier moment. Ça se ressent au niveau des résultats en jeunes, globalement ces dernières années, à l'exception des U19, les Danois étaient meilleurs que les Français. Les Danois repassant devant lors du passage sur le circuit senior.


Par rapport aux résultats actuels en senior, le soucis vient du fait que les grosses perfs sont extrêmement coûteuses en énergie et les joueurs (Leverdez, Gicquel/Delrue) ont du mal à enchainer le match suivant. Mais ces performances commencent à être plus courantes ce qui est plutôt bon signe pour la suite, à voir ce que les générations à venir nous proposerons.
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3 YONEX Astrox 99 3UG4 - YONEX Aerobite Boost 13kg

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Yonex ISO TR-0 - Li-ning N1 12.5kg

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Il y a aussi une différence énorme dans les attentes et l'encadrement du joueur.
Les danois construisent un joueur pour qu'il soit performant à l'âge adulte sans pression sur les résultats jeunes.
Si le joueur devient champion d'Europe Junior, c'est bien mais ce n'est pas un but.
Les Popov (ou d'autres) qui s'entrainent hors structure fédérale ont besoin de ces médailles européenne pour que la fédé financent leur compétition et ça change tout.