IFB 2014 : Chinoises, histoire d'une domination

Publiée par Ivan Cappelli le jeudi 23 octobre 2014 à 11:39

LiXuerui

Depuis plus de 20 ans, l’Empire du Milieu règne sur la planète badminton et entend siéger seul au sommet de la hiérarchie mondiale, toutes catégories confondues. Mais si les hommes doivent parfois composer avec la rébellion d'autres pays phares du circuit BWF, les princesses de Chine demeurent généralement intouchables lors des grands événements. L’étape parisienne ne fait pas exception à la règle, et risque de refléter parfaitement l’état actuel du badminton féminin au niveau international.

Le constat est simple : depuis que l’Open de France est devenu une étape Super Series en 2007 (soit 7 French Open de classe élite), 6 des 7 médailles d’or disponibles en catégorie individuelle ont été accrochées au cou de joueuses chinoises. Pire encore, on retrouve exactement le même ratio dans la catégorie voisine, le double dames, habituelle place forte des filles de Li Yongbo. Retour sur une dictature féminine qui passionne autant qu’elle inquiète.

Xie Xingfang, Zhang Ning : sources d'inspiration

Xie Xingfang, Zhang Ning : pour tout fan de badminton amoureux de longue date de la discipline, ces 2 joueuses réveillent des sentiments partagés. La frustration bien sûr, devant leur insolente domination internationale. Mais l'admiration aussi, devant l'intensité et la grâce de leur jeu.

Curieusement, Zhang Ning aura davantage marqué l'histoire mondiale que celle, plus spécifique, de Coubertin. Battue notamment par Pi Hongyan en demi-finale en 2007, la géniale championne du monde 2003 n'a jamais remporté l'étape parisienne des Super Series. Mais bien au delà de cette considération, Zhang Ning représente surtout un double titre de championne olympique (2004, 2008). A 33 ans (un âge exceptionnellement avancé pour un simple dames chinois), la performance est tout simplement énorme !

La première reine de Paris

A l'inverse, la grande Xie Xingfang figure tout particulièrement en bonne place dans l'histoire des IFB. Véritable inspiration pour toute joueuse chinoise en herbe depuis le milieu des années 2000, celle qui devint il y a 4 ans Madame Lin Dan est la première à être montée sur la plus haute marche du podium du French Open version Super Series, au nez et à la barbe d’une de ses plus grandes rivales, une certaine… Pi Hongyan.

À l’époque des faits, la n°1 mondiale, multiple détentrice de titres Super Series, portait déjà sur ses épaules le statut de double championne du monde. La même année, elle n’obtiendra d’ailleurs « que » la médaille d’argent du simple dame à Coubertin, vaincue par sa compatriote Wang Lin de 8 ans sa cadette. L'heure de la retraite était venue pour la grande dames des années 2000.

Xie Xingfang et Zhang Ning ont laissé une trace indélébile dans l’histoire du badminton, Coubertin compris. Elles auront aussi et surtout inspiré des générations de badistes chinoises, tout déterminées à emboîter le pas de leurs glorieuses aînées. Pas étonnant dès lors d'avoir retrouvé des années durant la charismatique Zhang Ning sur la chaise de coach des simples dames.

Wang Yihan

La dynastie Wang à l’assaut de la Porte de Saint-Cloud

Depuis 2008, être Chinoise et porter le patronyme « Wang » semble porter bonheur lorsqu’on joue au Stade Pierre de Coubertin. Historiquement, les 6 autres médailles d’or minutieusement façonnées pour l’étape hexagonale ont été raflées par 4 Wang différentes. La jeune Japonaise Minatsu Mitani est la seule à avoir contrarié cette dynamique en remportant le cru 2012.

Comme mentionnée précédemment, Wang Lin est la gagnante de l’édition 2008. Fait amusant, c’est elle aussi qui remportera 2 ans plus tard le titre mondial au même endroit face à… Wang Xin. La plus grande des Wang (1m78), Yihan de son prénom, est la seule joueuse à avoir foulé la première marche du podium parisien deux années d’affilée, en 2009 et 2010. Wang Xin, la plus âgée (1985) et la plus petite (1m66), parvient enfin elle à décrocher l’or l’année suivante au détriment d’une autre Chinoise, la non moins connue… Li Xuerui (alors valeur montante du circuit=. Enfin, Wang Shixian, la plus jeune de toutes (1990), vient ajouter encore un peu plus de prestige à l’armée Wang puisqu’elle s’est octroyée la breloque dorée des IFB 2013.

Et Li Xuerui dans tout ça ?

On peut être Championne olympique et double Vice-championne du monde du simple dames sans jamais avoir triomphé à Coubertin ! Car oui, la n°1 mondiale actuelle est bien la plus précoce et la plus garnie de titres parmi toutes les joueuses chinoises en activité mais le métal jaune de l’Open français manque cruellement à son tableau de chasse.

Pour sa défense, elle n’a participé aux IFB qu’en 2010 et 2011 et s’est tout de même payée le luxe d’une médaille d’argent à chacune de ses apparitions. Aujourd’hui, ses chances de briller dans l’Hexagone sont réelles : Carolina Marin forfait, Ratchanok Intanon fragile, seules Wang Yihan et Wang Shixian semblent pouvoir lui mettre des bâtons dans les roues. Attention néanmoins à ne pas être aveuglé par son titre olympique et son statut de n°1 mondiale car Wang Shixian l’a neutralisée par 2 fois cette année et Wang Yihan la battue lors de la finale des Jeux d'Asie en Septembre.

MaJin

Enfin, si vous n’êtes toujours pas convaincus de la souveraineté de la délégation féminine chinoise, sachez que la totalité les joueuses citées ont été leader du classement BWF et qu’elles sont toutes montées sur un podium de Championnat du monde au moins une fois dans leur carrière.

Le mot de la fin

Comme le simple dame, le double dames est très largement dominée par la Chine et on pourrait écrire un article quasi-identique à celui-ci tant l’historique des deux disciplines se ressemble sur le plan des résultats, notamment à Coubertin.

Si on parle plus volontiers du simple et du double homme car plus « spectaculaires », les catégories féminines ne sont pour autant pas à sous-estimer et méritent une attention particulière. Elles incarnent le toucher, la finesse, l’esthétique et donnent souvent lieu à un festival d’échanges marathons animés par un panel de coups plus beaux et techniques les uns que les autres.

Les IFB ne dérogent pas à cette tradition. Voilà pourquoi vous allez vous régaler Porte de Saint-Cloud jusqu'au 26 octobre !

L’espace IFB 2014 ICI

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