INTERNATIONAL : B.Leverdez - ''c'est un beau projet''

Publiée par Ivan Cappelli le lundi 15 septembre 2014 à 10:26

Brice

Quelques heures seulement après son match épique au 1er tour des mondiaux 2014, Brice Leverdez accordait une interview exclusive à Badmania.fr. L'occasion pour le numéro 1 français de revenir sur une année 2014 déjà riche en émotions, durant laquelle le tricolore a changé de dimension. L'opportunité aussi de vous présenter un peu plus son projet de Crowdfunding sportif, crée pour lui permettre de rivaliser avec les tous meilleurs mondiaux durant les 2 prochaines saisons.

Parles-nous un peu de 2014 : comment expliques-tu cette montée en puissance ?

C'est la meilleure saison de ma carrière, c'est indiscutable. J'avais déjà fini fort l'année 2013 en réussissant le doublé à Porto Rico (simple et double hommes avec Lucas Corvée), puis en gagnant en Suisse et en Ecosse, pour mon premier succès en Grand Prix. Derrière, le résultat des Championnats d’Europe à Bâle était un peu décevant. Je ne sors pas un grand match contre Rajiv (Ouseph, ndlr), alors qu'il y avait la place derrière pour battre les Anglais en quarts. La déception digérée, je reprends ma marche en avant par une victoire en Pologne. Je fais un match plein en finale, je m'assure une place de tête de série aux Europe … Je sentais que je tenais le bon bout.

Où situerais-tu le moment du délic ? Qu'as-tu mis en place pour progresser autant ?

Je ne parlerais pas vraiment de déclic, ça n'est pas venu du jour au lendemain. C'est d'abord toute la stratégie, le travail autour d'un jeu d’attaque avec Bertrand (Gallet ndlr) qui se concrétise. J'ai vraiment commencé à comprendre comment jouer ces mecs au 2ème set face à Chen Long, en Inde. Derrière, j'arrive à répéter ce style de jeu face à Jorgensen aux Europe (défaite en 3 sets en quarts de finale), mais je ne maîtrisais pas encore assez bien ce style de jeu.

À la Thomas Cup, je rentre difficilement dans le tournoi, notamment avec une défaite face à Ivanov qui a un jeu très particulier du fait de sa grande taille. Et puis vient finalement la victoire face à Tago. Une énorme perf, ma première victoire contre un Top 10. Je n'arrivais pas à passer ce cap et là j'arrive à forcer le destin, enfin. L'esprit d'équipe, le fait de représenter la France : tout ça a été un énorme plus, ça m'a fait beaucoup de bien.

A chaud, comment analyses-tu ton dernier match - magnifique - face à Son Wan Ho (1er tour des Mondiaux 2014) ?

C'est vraiment c** de ne pas y arriver ! J'arrive à voler le 1er set alors qu'il avait fait la différence. Derrière, j'entame bien le second mais je fais un point débile à 5-2 ou je me fatigue trop. Il prend de l'avance et je répète la même erreur sur un long échange. Du coup, je laisse filer le set pour récupérer. Je commence fort le 3ème. J'arrive à prendre le match en main. À 12-5, on rejoue un gros rallye ou je me fatigue trop en smashant beaucoup. Au lieu de gérer mon avance comme je le ferais d'habitude, j'essaie tout de suite de reprendre la main. Le manque d’expérience dans des matchs d'une telle intensité me joue des tours.

C'est un match que j'aurais gagné sur le circuit européen, mais là le Coréen réussit à revenir et me distance. Je reviens à l'orgueil à 19-19. Je mets une grosse pression sur son service à 20-19 mais il réussit les coups qu'il faut au bon moment pour emporter la mise. J'ai beaucoup de regrets car j’avais moyen de faire mieux. J’avais enfin le jeu pour embêter tout le monde.

Que te manque-t-il aujourd’hui pour approcher des badistes de référence du circuit ?

C'est d'abord une question de stratégie de jeu à développer. En terme d'expérience, j'arrive à maturité. Sur le plan du jeu, je n'avais pas les armes pour battre les top players. Maintenant, je pratique un jeu beaucoup plus offensif, avec beaucoup de pression à la Jorgensen. Je travaille pour être plus fort sur le mi-court et le filet. Les Asiatiques aiment prendre du temps, jouer de grandes cloches. Ils n'ont pas l'habitude de se prendre des claques sans arrêt ! J'ai franchi un cap ça se voit à mon classement mondial (25ème).

Aujourd'hui, j’ai les cartes en main. Avec Bertrand, on est sur la même longueur d’ondes. Je sais ce que je dois faire maintenant. Avant, je n'entrais pas toujours sûr de ma force. Maintenant, je rentre dans mes matchs avec des certitudes. J'arrive dans les meilleures conditions, ce qui est une victoire. Ce n'est pas facile de trouver le bon état d'esprit.

Et du point de vue matériel ?

Pour pouvoir continuer à progresser et enchaîner les victoires contre des Top 10 mondiaux, je dois me confronter le plus possible avec ces joueurs là. C'est tout cet apect professionnalisation me manque aujourd'hui. Aujourd'hui, avec le nouveau système fédéral pour les athlètes de haut-niveau, nous ne sommes plus pris en charge que sur 11 tournois. Pour le reste, c'est de la débrouille ! Pareil pour le suivi médical : mon ostéo m'est devenu vital. Je dois aller plusieurs fois par semaine chez lui pour qu'il me manipule, et ceci n'est pas pris en charge par la fédération.

Des aspects primordiaux d'un badiste de haut niveau comme les stages à l'étranger, le suivi médical au quotidien et en compétition ne sont pas non plus pris en charge. Le projet Revolusport pourrait m'être d'une aide capitale pour mes compétitions à l'étranger, car mon ostéo est également kiné. Sa présence sur mes déplacements étrangers serait capital dans ma progression.

Tu lances donc aujourd’hui ton projet Revolusport pour te donner les moyens de tes ambitions. Comment t’es venue cette idée ?

A l'origine, je ne suis pas à l'initiative du projet. Stéphane (Rolin, directeur de la société Revolusport ndlr), est venu me voir avec cette proposition. il est d'abord venu vers moi dès Janvier 2014. Je ne lui ai pas répondu immédiatement car son message s'est perdu au milieu des nombreuses sollicitations que je reçois sur Facebook ! Mais il m’a relancé et cette fois j’ai répondu. Le projet m’intéressait déjà quand on s’est rencontré. Je me suis dit « Pourquoi pas ? » car c'est un beau projet, que je trouve forcément fondé.

C'est très intéressant aussi car j'ai eu des bons retours au sujet d'autres projets. Je pense que je pourrais trouver du soutien aux travers de certains fans généreux, qui peuvent ainsi m’aider dans mes objectifs. Et si mes partenaires tels que la Fédération Française de badminton suivent le mouvement, ça peu marcher !

Le projet est vraiment beau, ça m'a l’air sympa. Il m'a tout de suite séduit car il se démarque des agences de promotion de sportifs où c'est l'usine, avec un vrai manque d'intérêt pour les athlètes au fond. Revolusport m'a davantage séduit par sa fraîcheur, sa nouveauté.


Quels objectifs te fixes-tu à long terme avec ce soutien financier du public français ?

Dès la fin de l'année 2014, j'ambitionne d'intégrer le Top 20 mondial. J'ai d'autant plus de regrets vis-à-vis de cet objectif sur ce match face à Son Wan Ho. Si je le battais, j'étais quasi-assuré d'atteindre ce classement ! Mais je suis plus motivé que jamais et j'attends avec impatience les prochaines échéances.

Le but ultime du projet, c'est la médaille aux JO de Rio 2016. Mais c'est un objectif qui se prépare étape par étape. Tu ne peux pas arriver sur une épreuve olympique avec ce but sans avoir prouvé que tu pouvais le faire. Pour ça, il n'y a pas à tergiverser : il faut gagner, confirmer mon potentiel. Ça passe par une médaille aux championnats d'Europe où aux Mondiaux, et il ne me reste plus qu'une chance pour chacune de ces 2 compétitions pour y arriver avant les JO. Fin 2015, je veux intégrer le Top 10 mondial. D'ici là, il faudra avoir prouvé aussi en Super Series, avec des finales ou des demies.

Ton projet Revolusport rémunère les donateurs avec de superbes cadeaux pour les passionnés. Comment es-tu parvenu à fédérer tes partenaires autour de ce projet ?

J’ai appelé la plupart des partenaires. A l'exposé du projet, ils ont tout de suite été très intéressés par ce projet où ils avaient tout à gagner. Ils n'ont pas d’argent à donner et tirent les bénéfices de ce projet d'un point de vue communication. C'est l'opportunité pour mes partenaires de s'associer à un beau projet. La Fédération Française de badminton a par exemple complètement adhéré à cette initiative.

Badmania.fr a donc le plaisir de faire partie de tes partenaires pour cette campagne Revolusport. Peux-tu expliquer à nos lecteurs comment cette relation va se matérialiser ?

Badmania et moi avons convenu de proposer aux lecteurs du site du contenu exclusif. Avant les événements majeurs de mon programme de compétitions, je donnerais mes impressions en exclusivité lors d'interviews à Badmania. Après ces tournois, nous débrieferons ensemble le tournoi avec mes impressions.

La fin de ta campagne Revolusport coïncide avec les IFB 2014. L’occasion de donner un beau spectacle à tes donateurs pour les remercier ?

Evidémment ! C’est clair qu'aujourd'hui, j’ai déjà envie d’y être. Cependant, je n'ai pas envie de me mettre plus de pression que ça. C'est déjà un état d'esprit que j'avais réussi à trouver l'année passée. Je sortais d'une double finale en Suisse (victoire face en simple hommes, défaite en double hommes). Qui m'avait laissé complètement cuit. Je n'arrivais presque plus à bouger le Lundi sur le chemin du retour !

Pourtant, le lendemain, j'arrivais à accrocher Pawar avec un score serré. Cette année, je me consacrerais uniquement aux IFB. La semaine précédente, je participerais aux Super Series du Danemark. Et même si je réussis une grosse performance là bas, je n'arriverais pas aussi entamé que l'année passée à Coubertin. En 2013, j'avais joué 10 matchs en 3 jours en Suisse avant les IFB !

Faire un don à Brice et son projet Revolusport ICI.

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  • Ricardo
    Le 16/09/2014 à 9h57 (0)
    Super Interview !
  • owono
    Le 18/09/2014 à 17h21 (0)
    bon vent à toi brice...tes propos d'avoir désormais être pour toi un défi à assumer pleinement...je te fais confiance à te lire et avec ton coach bertrand je te souhaite vivement que tu réussises...