De mémoire de passionné, rarement un jour de finales de Mondiaux n'a été aussi imprévisible. Tant pis si les Danois brillaient par leur absence ce Dimanche : les championnats du monde de badminton 2014 ont eu droit à un feu d'artifice. Avec la fusée Carolina Marin ... mais aussi avec des icônes de la discipline relégués au rang de pétards mouillés.

Une année en or pour Marin

Qui aurait pu prédire à l'Espagnole une telle année 2014 ? Championne d'Europe, d'accord. Top 10 mondial, pourquoi pas. Mais voir cette Européenne de 21 déboulonner 2 des 3 grandes dames chinoises et s'adjuger la médaille d'or à Copenhague n'était clairement pas au menu de Marin pour cette année. On la connaissait précoce dans la performance, mais personne n'imaginait à quel point.

Le début de match face à la grande Li Xuerui (1) ne laissait pourtant rien augurer de tel. Visiblement crispée par l'enjeu - et bien plus silencieuse qu'à l 'accoutumée -, Marin est dépassée par la classe de la championne olympique. Quelques rares rallies ne suffisent pas à susciter l'espoir (17-21). Mais, avec l'appui de son mentor Fernando Rivas, Marin revient avec de bien meilleures intentions dans la seconde manche. Avec un jeu plus patient, sans donner l'occasion à Li de la punir, la jeune Marin fait preuve de toute sa classe et de sa maturité. Echange après échange, elle s'accroche. Même menée de 4 points, L'Ibère reste dans le jeu et impose un défi physique constant. S'en est trop pour la chef de file chinoise qui explose (21-17).

L'histoire du 3ème set est celui d'un duel contre soi-même. Sonnée par les coups de boutoir de l'Espagnole, Li cède du terrain. Réalisant l'ampleur de sa performance, Marin affiche des signes de fébrilité. Des prises de risque mal calculées et de la précipitation maintiennent une Chinoise vivotante dans le tempo. Mais comme toujours avec Marin, le money-time déclenche la furia de la championne d'Europe. Li Xuerui demande alors une pause médicale pour soigner une cheville douloureuse. Mais elle ne brisera pas le rythme de l'Espagnole. Et en prenant ses distances à 17 partout, Carolina Marin part toucher les étoiles grâce à une ultime faute de Li Xuerui (21-18).

Aucune Européenne n'était parvenu à un tel exploit depuis 1999. Carolina Marin n'en avait que faire. Défaite pour la seconde fois de rang en finale des Mondiaux, Li Xuerui laisse son nouveau bourreau déclencher une onde de choc sur le simple dames mondial. Maigre consolation : elle n'aura pas été la seule à ne pas tenir son rang.

Chen Long brise (lui aussi) Lee Chong Wei

Cette fois, s'en est trop. De la désolation, de la tristesse, mais aussi de la résignation. Une nouvelle fois battu en finale aujourd'hui, Lee Chong Wei n'ouvre toujours pas son compteur de titre mondiaux. On l'avait quitté en perdant tragique en 2013, vaincu par les crampes à Guanghzou. Face à Chen Long aujourd'hui (21-19, 21-19), c'est un bien moins beau vaincu qui a accepté son habituelle médaille d'argent.

Rendons à César ce qui appartient à César : le crédit de ce succès revient d'abord à Chen Long. Totalement décomplexé pour sa première finale mondiale, le colosse chinois n'a jamais paru inhibé. Avec 8 victoires au compteur face au Malaisien, il est arrivé avec des certitudes. Et reparti avec l'or.

Mais en face, c'est un Lee Chong Wei nettement moins tranchant que lors de ses dernières finales internationales que l'on a pu admirer. Poids des ans, retards dans la préparation, stress de la finale : les arguments sont nombreux ... Mais n'excusent pas toujours tout. Elles ne pardonnent pas ces nombreux points concédés bêtement sur le jeu mi-court, ces inhabituelles fautes indirectes au filet. Elles n'excusent pas non plus les sautes de concentration qui ont permis à Chen Long de prendre jusqu'à 6 points d'avance en seconde manche.

Alors certes, les réactions d'orgueil qui ont permis par 2 fois à Lee Chong Wei de recoller au score sont admirables. Mais l'issue une nouvelle fois négative de ce mano a mano avec la délégation chinoise invite à se poser des questions. En direct sur MCS, l'ancien entraîneur de Pi Hongyan, Fabrice Vallet, rappelait que le Malaisien avait évoqué une possible retraite en 2014. Et si, davantage la tête, c'était les jambes qui poussaient le Dato de Penang à de telles considérations ? A voir sa résignation lors de la cérémonie protocolaire, la question se pose.

Personne n'est en droit de douter que Lee Chong Wei est un très grand joueur de badminton, peut-être même le meilleur ayant jamais pratiqué la discipline. Mais restera-t-il vraiment de lui l'image d'un très grand champion ?

Encore raté pour Lee Yong Dae

Malgré 4 mois d'invincibilité et une grande maîtrise de leur sujet, Lee/Yoo (2) se sont eux aussi laissé surprendre aujourd'hui dans une magnifique finale. Ironie du sort, ce sont leurs lieutenants Ko/Shin (12) qui emportent l'or aujourd'hui (22-20, 21-23, 21-18). Avec un Shin Baek Cheol stratosphérique et un Lee Yong Dae qui craque sur certains moments chaud, cette finale 100% coréenne a livré un aussi beau qu'inattendu spectacle.

Pour Ko Sung Hyun, écarté de la paire numéro 1 par BKA (Badminton Korean Association) après une défaite en 1/8èmes aux Mondiaux 2013, la revanche est douce. Face à son ex-partenaire, le grand perdant de l'année 2013 se métamorphose en magnifique vainqueur. Et Lee Yong Dae de rester sur la seconde marche du podium, comme lors de chacune de ses finales mondiales depuis 2009.

Autre motif de satisfaction aujourd'hui à Copenhague : le jeu pleinement joué par les joueurs Chinois lors des deux finales trustées par la CBA (Chinese Badminton Association). De vrais duels qui ont permis à Tian/Zhao (5) d'enfin devenir championnes du monde face à Wang/Yu (4) en double dames (21-19, 21-15). Mais qui n'auront pas autorisé Xu/Ma à briser le cercle infernal face à Zhang/Zhao (1 - 21-12, 21-23, 21-13).

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