New Delhi – Singapour : on prend les mêmes et on recommence ? Pas tout à fait. Les forfaits, absents, et revenants de la 5ème étape du circuit phare de la BWF vont fatalement remodeler le visage des podiums de cette semaine. Mais pas d’inquiétude. Ultime opportunité pour les états-majors des grosses écuries de jauger leur poulains et peaufiner leur sélection pour les échéances mondiales par équipe des Thomas et Uber Cup, désormais toutes proches. Rien qu’à ce titre, les Super Series de Singapour promettent quelques empoignades de qualité. Et à quelques détails près, la première journée a profité aux favoris, dont Lee Chong Wei (1), gonflé à bloc.

Sur un plateau doré pour Lee Chong Wei ?

Avec un simple hommes sinistré par les forfaits de Kenichi Tago (2), Tommy Sugiarto (3) et Boonsak Ponsana (4), ou encore les absences de Chen Long, Wang Zhengming et Jan Jorgensen, l'insatiable recordman de titres en Super Series, Lee Chong Wei, semble promis au titre qu'il avait empoché lors de sa dernière apparition sur cette compétition, en 2008. L’indétrônable n°1 mondial a géré son premier match, aux dépens de Wei Nan.
Mais ses fans, et plus généralement tous les amoureux du badminton, ont d’autres motifs de jubiler. Car en qui concerne l'icône de la discipline, la une du jour se situe ailleurs. Plaisir de jouer retrouvé, absence de relève immédiate, le datuk malaisien vient de confirmer qu’il ne raccrochera pas sa raquette avant Rio 2016. Ses dernières prestations contre Chen Long, à Birmingham et New Delhi, n’y sont certainement pas non plus étrangères.
Mais en « vieux » sage de 31 ans, le favori malaisien se méfie habituellement de la jeune garde de l’empire du milieu. Avec raison. Trois des quatre engagés chinois du premier tour reviennent demain, et il en affronte un, Chen Yuekun. Du Pengyu (5) passe aussi, face à Sho Sasaki. Paradoxalement, le seul qui reste sur le carreau est un des rares jeunes joueurs du circuit à posséder un solde positif de victoires sur Lee Chong Wei, Tian Houwei. Il a été sorti par Simon Santoso, revenant du simple indonésien. Santoso, ex n°3 mondial, sera opposé demain au tombeur de Son est Wan Ho (6), Hsu Jen Hao, joueur de Taïwan, pays adversaire de poule de la France à la Thomas Cup le mois prochain.
Enfin, il n’y aura pas de duel entre les deux ex-champions du monde junior, Momota (8) et Axelsen. Dans l’explication entre gauchers, Saensomboonsuk a pris le meilleur sur le Japonais. Et dans la suprématie entre joueurs de la marque aux trois bandes, Wong Wing Ki, après avoir effacé trois volants de match du virtuose Danois, prend à nouveau le dessus sur le vainqueur du Swiss Open. Poussé vers la sortie par Wong, un joueur local, H. K Vittinghus lui gardera une place sur son vol vers Copenhague.

Les têtes de série féminines assurent

Li Xuerui (1) et Wang Yihan (2) doivent pousser un grand « ouf » de soulagement. Leur peste de compatriote, Wang Shixian, a fait l’impasse sur Singapour. Et suivra de loin le vraisemblable remake de la dernière finale olympique entre les deux prétendantes logiques, expéditives dans ce premier tour. A moins que la championne du monde 2013, Ratchanok Intanon (3), ne puisse rejouer le rôle de trublion de l’été dernier. Forfait sur blessure en Suisse et Inde, son retour s’est avéré gagnant aujourd’hui. Mais entre ses pépins physiques et ses performances en demi-teinte depuis l’or des Mondiaux, l’incertitude est de mise. Du coup, les lumières des projecteurs l’ont (un peu) quittée. Ainsi que l’énorme pression qui va avec. Alors, Ratchanok décomplexée = attention danger ?
A l’instar des deux Coréennes Bae Yeon Ju (4) et Sung Ji Hyun (5), les autres têtes de série féminines avancent elles aussi logiquement en huitièmes, exceptée Saina Newhal (7) pour qui le cauchemar n’en finit pas de durer : elle chute face la Japonaise Hirose.

Les doubles en eaux troubles

Pas facile d’y voir clair dans le tableau du double hommes. Hormis les champions du monde indonésiens Ahsan/Setiawan (1), de retour cette semaine en archi-favoris après leur titre du All England début mars, la route du podium pour la meute des poursuivants reste assez ouverte. Il faut dire que l’absence des finalistes de New Delhi, Boe/Mogensen et Liu/Qiu, la recomposition conjoncturelle des doubles coréens, ou celle visiblement plus durable des autres équipages chinois, sont autant de facteurs qui rebattent les cartes de la discipline. Pour autant, le talent est bien là. Pour preuve côté coréen, Ko/Shin ont stoppé Fernaldi/Kido (7), et Kim Sa Rang/Yoo Yeon Seong (5) les imitent contre les Malaisiens Goh/Lim. L’empire du soleil levant n’est pas en reste avec Endo/Hawyakawa (2) et Kamura/Sonoda (8). Ces derniers seront demain aux prises avec le médaillé d’or olympique Cai Yun et son disciple du moment Kai Lu, qui ont dû s’employer aujourd’hui contre Tan Boon Heong et son jeune partenaire Ow Yao Han.

Quid des chances de médaille européenne ? Avec très peu de participants, préparation du championnat d’Europe oblige, et le simple danois décapité dès la première journée, il va falloir lorgner du côté double dames avec les têtes de série n°1 danoises Pedersen/Rytter-Juhl (1 – en photo). Tranquilles dans ce tour de chauffe, et sans réelle menace chinoise avant une éventuelle finale, les Japonaises Matsumoto/Takahashi (3) ou Kakiiwa/Maeda (7) les attendront sûrement en quarts. Dans le bas du tableau, en surclassant aujourd’hui les redoutables Ma Jin/Wang Xiaoli (5), les finalistes de New Delhi, Kim/Jung, ont sérieusement déblayé le terrain.
Enfin, Joachim Fischer absent, Rytter-Juhl/Gravholt éliminés, l’espoir en mixte pour le vieux continent ne tient plus qu’à un fil. Seuls Kristiansen/Houmann sont encore en lice. Côté cadors, sans forcer, Ahmad/Natsir (1) avancent au tour suivant. Idem pour Ma/Xu (2) et Ko/Kim (3) qui ont, eux, laissé un set dans leur bataille.

Les résultats des SINGAPORE S. SERIES 2014 ICI.